Homélie du dimanche 6 février 2022
Homélie du 5ème dimanche de l’année C du temps ordinaire
Avance au large !
Jetez les filets.
Trois rencontres bouleversantes ! Trois expériences de Dieu. Trois rencontres qui d’abord déroutent (au figuré) et changent nos routes (au sens propre)…
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Isaïe voit. Dans le Temple, il voit Dieu ! Il regarde, ébloui. Sa gloire le saisit. Dieu l’envoie en mission.
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Paul est renversé, mis à terre, touché, coulé. Il regarde, ébloui. Dieu convertit le persécuteur en missionnaire.
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Simon et les apôtres sont poussés au large pour une pêche au-delà de toute espérance. Ils regardent, éblouis. Les voilà devenus pécheurs d’hommes.
Chacune de ces rencontres a sa forme propre mais toutes conduisent à faire grandir le Règne de Dieu. C’est exactement ce que nous demandons dans la prière du Notre Père. Que ton Règne vienne !
Attardons-nous à cette pêche miraculeuse chez Luc. Il y a comme une progression dans le récit :
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Jésus demande d’abord un petit service : une barque pour s’éloigner de la foule
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Puis un autre service : aller plus loin en mer.
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Puis encore un service :jeter les filets.
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Puis il demande tout : tout quitter pour le suivre, être avec lui et partager sa mission
Cette progression dans les demandes du Seigneur révèlent une progression dans la relation qui unit ces hommes à Jésus :
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D’abord un intérêt. Ils lui prêtent leur barque
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Puis un début de foi : leur confiance l’emporte sur leur compétences. Malgré leur doute sur l’intérêt d’une pêche au petit matin ils lanceront les filets.
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Puis un effroi devant le succès de cette pêche. Ils commencent à saisir l’identité de cet étrange compagnon. Simon l’appelle « Seigneur »
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Enfin ils le suivent. Leur vie sera liée maintenant à la sienne. Ce qu’ils sont par métier (des pécheurs), ce qu’ils savent faire (jeter le filet ), ce qu’ils ont acquis comme expérience et comme compétence ils le mettront au service de l’Évangile pour que vienne le Règne de Dieu.
La foi elle ressemble à cela. C’est un faire confiance progressif en réponse à un appel qui retentit toujours dans nos vies mais nous change, nous renverse, et nous conduit sur des chemins que nous n’aurions pas imaginé.
Parfois le Seigneur nous offre de ces temps où sa présence à nos côtés est plus perceptible, plus sensible. Nous pouvons nous souvenir de ces moments de notre vie où nous avons senti la présence de Dieu prés de nous, sa grandeur, ses dons , ses appels. Ce sont des moments rares mais que l’on n’oublie pas. Rappelez-vous !
A l’occasion d’un pèlerinage, d’un beau coucher de soleil, d’une naissance, d’un deuil, d’un changement dans notre vie, vous aurez pu faire cette expérience de grâce.
Repensons à Isaïe, à Paul, à Pierre.
Bien sûr que nous pouvons être effrayés par cette rencontre de Dieu. Mais toujours le Seigneur nous dit : ne crains pas. Je suis là. J’ai besoin de toi.
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Dimanche prochain nous aurons une attention au monde de la santé : malades, famille, personnels soignants dans leur diversité. Cette pêche miraculeuse peut nous préparer à cette journée.
Pourtant, rien qui concerne la santé. Sauf que, sauf que Jésus dit aux apôtres ; « Avance en eau profonde ou encore avance au large ». Dans les deux cas, avance là où tu n’as pas pied, là où tu pourrais couler. La maladie aussi peut nous faire perdre pied, nous faire couler. C’est là dans l’inquiétude, le soin que nous avons besoin d’être dans l’attitude de foi. Le Seigneur est là avec nous . Il ne guérit pas toutes les personnes malades mais il prend soin de toutes. Ce prendre soin de tous oblige les communautés chrétiennes à l’égard de leurs malades : un devoir d’attention, de relation, de compassion et de prière. Pour tous, l’Église demande la guérison et de chacun elle prend soin.
Nous faisons face à la maladie comme Pierre a pris le large : avec toute notre humanité , ce que la vie nous a donné comme expérience. Mais aussi avec le Seigneur comme compagnon de toutes nos traversées.
Abbé Gérard Nicole +