Mai 2021. Journée de ressourcement au Sanctuaire de Querrien avec la Pastorale de la Santé
Mercredi 26 mai 2021, les acteurs des différentes branches qui composent la Pastorale de la Santé du diocèse de Saint-Brieuc se sont réunis au Sanctuaire Notre Dame de Toute-Aide à Querrien (La Prénessaye) pour une journée de ressourcement à la suite de ces quinze mois de pandémie ; l’occasion de retrouver et d’échanger entre bénévoles qui prennent soin des autres dans le cadre de leurs missions respectives. Environ 200 participants s’étaient inscrits à cette journée.
Mot d’accueil du P. Gérard Nicole, recteur du Sanctuaire Notre Dame de Toute-Aide : « Nous vous attendons depuis longtemps, nous attendons le retour des pèlerins. Je salue les sœurs qui ont tenu la maison depuis ces longs mois. Ici, vous êtes à Querrien, un hamaeau de 25 habitants à à l’année. C’est ici que Marie a demandé que soit érigé un Sanctuaire. Elle est apparue une dizaine de fois à une fillette handicapée de 11 ans, Jeanne Courtel. C’est à elle que que Marie a souhaité délivrer son message. La chapelle vous est ouverte, vous pouvez y prier, offrir une messe, acheter un cierge. Des prêtres se tiennent également à votre écoute pour le sacrement de réconciliation mais aussi pour partager un temps d’écoute et d’échanges. »
Intervention de Véronique Dikoma, qui accompagne depuis plusieurs années des Sœurs ainées à l’EHPAD des Filles du Saint-Esprit, à Saint-Brieuc : « Cette journée est un temps de respiration. Respirer, c’est la vie. L’Église a vraiment le cœur et le désir d’être dans la vie de tous : c’est vrai pour le monde de la prison, de l’école mais aussi de la santé. Aujourd’hui, sont présents les équipes d’aumônerie en hôpital et en EHPAD, la Présence Fraternelle, la Fraternité Chrétienne des Personnes Malades et Handicapées, Lourdes Cancer Espérance, Lumière Relai Espérance… Que chacun de nous fasse l’expérience de l’amour fraternel dans un monde qui est appauvri d’amour. Dieu nous aime individuellement. […] Il existe des situation de confinement également dans la Bible. Par exemple, dans l’Ancien Testament à travers le récit de l’Arche de Noé [Livre de la Genèse, chapitres 6, 7, 8] Peut-être avez-vous vous aussi des exemples en tête. Ces enfermements préfigurent toujours d’une nouveauté, une nouvelle naissance, une nouvelle ère. […] Pour prier, il nous est proposé de nous retirer dans la pièce la plus retirée. Durant ce temps de confinement, peut-être que certains d’entre vous ont réussi à vivre un temps de repos et de présence avec le Seigneur au plus intime lieu de votre cœur. Cette période nous a souvent paru longtemps, provoquant un sentiment d’inutilité. A quoi je sers ? Voire un sentiment de découragement par ce manque de relation. Un sentiment de peur peut-être. […] Rencontrer l’autre, c’est briser la solitude. Est-ce que j’ai intégré la solitude à ma vie ? Ce temps nous a permis de nous retrouver face à nous-mêmes et de nous interroger sur le sens de notre vie. Dans la Bible, les grossesses de Marie et d’Élisabeth sont vécues dans la joie de l’attente. Et nous, comment avons-nous attendu ? Avons-nous été dans l’expectative ? Est-ce que cette période a été un stand-by ? Une pause ? Ai-je vécu en sursis ? Dans l’espérance ? Dans quelle forme d’attente ai-je été ? L’attentisme est une forme d’attente dans l’inaction. Ai-je laissé de la place à quelqu’un dans cette attente ? […] Nous savons bien que le cœur de l’Homme est éternellement insatisfait quelque soit nos conditions de vie, même quand tout va bien. Nous recherchons sans cesse un plus. Dans la famille, au sein du couple, au travail, en amitié, en communauté religieuse, ce n’est pas toujours parfait. Qu’est-ce que ce creux ? Je vous propose d’y découvrir plutôt les traces d’une vie nouvelle que Dieu a mis en nous dès notre baptême. […] Avec l’arrivée du printemps, j’ai aimé contempler les petites fleurs bleues qui poussent dans des endroits impossibles. Alors que j’accompagnais une sœur ainée à l’EHPAD des Filles du Saint-Esprit, elle me dit subitement : ‘Vous avez vu ? Elles poussent entre les pierres !’ Je vous invite à vivre, dans ce temps de Pentecôte, un renouveau, à laisser Dieu pousser dans vos petites brèches, dans vos petits espaces intérieurs. Laissez-le fleurir au plus profond de votre être. Laissez-le raviver la grâce de votre baptême. […] Depuis le jour de votre baptême, nous sommes définitivement branchés au Christ. Ce n’est pas, ‘j’ai été baptisé’ mais ‘je suis baptisé’. Nous étions confinés, il est temps de retrouver la joie de s’en retourner joyeux comme les disciples d’Emmaüs. »
Échanges en petits groupes l’après-midi :
- Françoise, de la paroisse de la Bonne Nouvelle et membre de la Présence Fraternelle, a souffert notamment de l’éloignement avec ses enfants. « Nous n’avons pas non plus pu visiter les personnes en EHPAD. On nous a autorisés à revenir qu’à partir de la fin du deuxième. Elles étaient contentes de nous revoir, et moi aussi je dois dire. Je regrette le comportement des personnes qui dénigrent tout, qui se plaignent de leur sort alors qu’ils ne sont pas malades. L’attitude de certains me contrarie plus que le confinement en lui-même. »
- Jean-Yves, de la paroisse de Plouguenast et membre de la Présence Fraternelle, a bien vécu le confinement. « Enfin j’ai bien vécu… ça s’est bien passé pour moi. J’ai perdu un de mes meilleurs amis durant cette période, ça a été terrible, ce n’était pas humain. Il est décédé seul à l’hôpital, c’est ce qui m’a le plus marqué. Seuls sa femme et son fils ont pu le voir, et pas en même temps ! Ce sont des choses qu’on ne peut pas oublier. Après, je vis à la campagne, je ne peux pas me plaindre face à des personnes qui vivent dans de petits appartements à Paris. »
- Léontine, de la paroisse de Loudéac et membre d’une aumônerie à Loudéac, sent que les choses commencent à repartir. « A l’EHPAD où j’interviens, les résidents commencent à rejouer aux cartes. On a également pu organiser des célébrations. Durant le confinement, il y a eu comme un stop dans ma vie. Heureusement qu’on a pu téléphoner ! Cela a été douloureux de ne pas voir ma famille, de ne pas aller à la messe. Les voisins ont perdu un proche durant cette année, c’est dur… »
- Françoise, de la paroisse de Plémet et membre de la FCPMH, a noué des relations avec sa voisine. « Ma voisine ne travaillant pas, on a pu discuter régulièrement. On s’est offert des fleurs et des fraises de nos jardins respectifs. Les personnes seules, qui n’étaient pas forcément croyantes, ont apprécié que je les appelle régulièrement. »
Extrait de l’homélie de Mgr Denis Moutel :
« Notre Dame de Toute-Aide nous a accompagnés durant toute cette pandémie. Elle est douceur, miséricorde et amour. […] Nous sommes heureux aujourd’hui d’être rassemblés autour de la Vierge Marie. Le Pape François nous a dit, le 27 mars 2020 Place Saint-Pierre, ‘N’ayez pas peur’. Son appel a eu un retentissement universel bien au-delà des croyants. Nous ne pouvons pas oublier ceux qui ont eu peur et qui, peut-être, ont toujours peur. Nous ne sommes pas à côté, nous sommes avec. […] J’ai été impressionné, dans mon groupe de partage, lorsque vous avez dit concernant la pandémie : ‘Ça a été difficile pour moi mais bien plus autour de moi’. Nous-même, quand nous sommes au service de personnes âgées, très malades ou en fin de vie, n’avons-nous pas peur ? Posons un regard sur nos propres fragilités. […] L’amour est reçu et doit être donné et partagé. Dans les discernements que nous aurons à faire ensemble, nous nous demanderons si nous sommes bien dans une attitude de confiance et d’espérance. Il ne s’agit pas de faire comme avant. Nous avons des choix à faire et nous engager dans une plus grande simplicité de vie. »