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Homélie 18 ème dimanche du Temps Ordinaire (C)

 

Vanité des vanité ! Tout est vanité ! C’est l’évidence même. Cette sentence biblique énonce notre fragilité. Rien ne résiste au temps qui passe. C’est aussi évident que l’évaporation de la buée au premier rayon de soleil. Le mot vanité a peut être la buée comme origine étymologique. Oui un jour il faudra tout lâcher de nos activités, de nos peines, de nos biens. Il y a la un grand pessimisme. Temps et mort relativisent tout !

Ce texte du sage Qohelet a été ce dimanche comme collé à ces quelques paroles de Jésus dans l’évangile de saint Luc. Qohelet éclaire Jésus mais Jésus dépasse Qohelet.

La parabole que Jésus raconte concerne un homme qui a bien réussi en affaires. Il est riche, plus que riche. Il manque de place pour stocker son blé. L’idée lui vient de construire des greniers pour agrandir ses réserves et y déposer tous ses biens. A bien regarder les chose ce qui grandit vraiment dans ce récit c’est l’avidité de cet homme riche, son désir de puissance. Il aurait pu faire un autre choix : il aurait pu donner, il aurait pu partager. Et voilà que dans la nuit il perd tout. La même fragilité que signalait Qohelet ! Vanité des vanités ce qu’on peut traduire avec un peu d’humour aujourd’hui : on n’a jamais vu un coffre fort suivre un corbillard

Pourtant Jésus offre une alternative à ce pessimisme. C’est aussi être riche que de vivre une relation forte avec Dieu. C’est être autrement riche. Riche de relations nées du partage, du don, du service, de la générosité. Cette dépossession, cette liberté à l’égard des biens font de nous des hommes et des femmes sages

« Dans ton cœur ne t’attache pas à la richesse mais accepte l’aide qu’elle t’apporte, sans l’aimer comme si elle était un bien, mais en la prenant comme un instrument à ton service.Disperse ta richesse tu la conserveras, essaie de la retenir, elle glissera en d’autres mains. Si tu la gardes tu ne l’auras pas , si tu la répands tu ne la perdras pas… » (saint Basile de Césarée).

Les biens comme tels ne conduisent pas à Dieu et à la vie éternelle. C’est la relation qu’on entretient avec eux qui y conduisent. C’est sans doute la raison pour laquelle Jésus renvoie dos à dos ces deux héritiers querelleurs et récuse la tâche de conciliateur pour laquelle on le sollicite. Il a estimé que ce partage ne conduirait ni l’un ni l’autre à une relation plus dense et sage avec leur Seigneur.

Ce que Luc nous raconte en parabole l’apôtre Paul le reprend dans un discours plus théologique. Il approfondit les paroles de Jésus. Paul s’adresse à des chrétiens de la ville de Colosses. Ces chrétiens ont été baptisés. Ils sont déjà riches de Dieu. La Parole évangélique, les sacrements dont l’eucharistie, une vie de communauté leur ont été donnés. Ils ont déjà en eux les arrhes de la vie éternelle, ses premiers fruits. Vivez avec ces richesses. Elles sont le seul essentiel, le seul nécessaire.Ne vous trompez pas de but. Le but n’est pas d’accumuler mais de savourer, de goûter ce que le Christ ressuscité nous a déjà donné.

Il y a un mot présent dans chacune des trois lectures. Peut-être y avez vous fait attention ! Ce n’est pas le mot richesse. C’est le mot homme avec trois sens différents.

  • L’homme ou la femme que nous sommes pour, notre singularité avec les actes que nous posons tout au long de notre vie. Un homme s’est donné de la peine…

  • Celui à qui Jésus s’adresse en réponse à sa demande de faire un partage d’héritage : Homme qui m’a établi pour être votre juge ? L’Homme c’est ici notre condition de créature marquée par le péché, les tentations, ce que nous partageons avec toute l’humanité. Et nous ne pouvons nier l’attraction que représente pour nous l’argent. « Vous ne pouvez servir servir deux maîtres Dieu et l’argent

  • Et enfin il y a chez saint Paul l’Homme nouveau celui qui a déjà tout reçu, à qui il ne manque rien d’essentiel. C’est le baptisé, habité de la nouveauté de Jésus entré dans la mort, sorti du tombeau.habité par l »Esprit. Cet Homme nouveau c’est notre tâche de le devenir.C’est notre avenir.

  • Pas seulement pour réussir dans la vie, mais bien plus important pour réussir notre vie, humaine et chrétienne.

Abbé Gérard Nicole +

Recteur

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