Homélie du quatrième dimanche de carême
Homélie du dimanche 26 mars 2022 – Quatrième dimanche de Carême (C)
Que nous apprend cet Évangile de l’autre frère :
- Il est l’aîné.
- Il travaille, lui
- Il fait son devoir
- Il se met en colère
- Il boude, on dirait : il marque fortement son opposition
- Il proteste : il ne veut pas entrer. Ni dans la maison, ni dans la fête
- Son père vient le chercher
- Il persiste dans son opposition
- Il se justifie : il n’a jamais arrêté de servir
- Mieux même, il n’a jamais désobéi aux ordres du père, il affirme n’avoir jamais été récompensé du moindre chevreau
- Il ne se reconnaît plus comme le frère de son cadet : Il ne dit pas « mon frère » il dit « ton fils »
- Mais en sens inverse il exagère, il calomnie, il ment en racontant que son frère a dépensé l’argent avec des filles
- Ce n’est pas dit : ce qui est dit c’est qu’il a dépensé son argent dans une vie de désordre. Mais quel désordre ? Ce n’est pas précisé.
Que pensez-vous de ce fils aîné ? Si nous faisions un sondage, mieux un scrutin. Si nous laissions Dieu scruter nos reins et nos pensées ?
J’avoue que je le comprends. Évidemment je sais qu’il a tort. Je l’ai appris a catéchisme. Mais enfin le cadet, il a un peu exagéré quand même ! Le fils aîné n’a pas complétement tort.
Et vous ? Qu’en pensez-vous ?
Ce fils aîné c’est nous. Plus encore ces pharisiens c’est nous. Son attitude, son assurance d’accomplir toutes les exigences de la loi sont la pratique commune des pharisiens. Or ce sont eux que Jésus dénoncent au commencement de son récit des trois paraboles.
Notre petite sympathie pour l’aîné est peut-être la marque qu’il y a en nous du pharisien.
La fin de la parabole aurait pu être différente. Il aurait suffi d’une toute petite chose, petite mais essentielle.
Il aurait suffit qu’il pense à son père avant de penser à lui-même. Hélas, il ne l’a pas fait. Tout aurait pu être autrement.
- A-t-il pensé à la peine de son père d’avoir été considéré par le plus jeune comme mort puisqu’il a du partager l’héritage
- A -t il songé à tout ce qu’il a reçu de son père et que ce dernier lui rappelle : « mon enfant », « je suis avec toi », « tout ce qui est à moi est à toi »
- A-t-il songé à la joie de son père de voir le retour de son fils
- A-t-il songé que le retour du prodigue c’était pour le Père la joie de refonder une famille sur la base de la conversion et du retour à l’amour fraternel.
La parabole s’arrête sans que Jésus nous dise ce que va faire le fils ainé. Jésus ne juge pas.
- Je crois qu’il souhaite offrir à son Père de la joie
- Je crois que Jésus attend le changement d’attitude du fils aîné
- Je crois qu’il attend notre changement à chacun de nous qui sommes ici.
L’ainé et nous-même pouvons offrir de la joie à ce Dieu qui attend que sa volonté soit fête !
+ Gérard Nicole, recteur du Sanctuaire